L'industrie du futur est un projet de société ! - Métallurgie rhodanienne

Entretien avec Sylvie GUINARD, vice-présidente de la Fédération des Industries Mécaniques

Le 15/05/2017 par l'agence SAVEREUX RP         Retour à la salle de Presse

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Sylvie Guinard, Vice-Présidente de la FIM

Sylvie Guinard, Vice-Présidente de la FIM
"L’enjeu n° 1 est d’anticiper la montée en compétence liée à l’arrivée de la digitalisation qui va créer de nouveaux métiers. "

Site : http://www.fim.net/fr/sites-fim/accueil

METALLURGIE rhodanienne : Nommée en juin 2016 Vice-Présidente de la FIM (1), vous êtes en charge de l’industrie du futur. Quelles sont les enjeux de votre mandat ?

Sylvie GUINARD (2) : L’industrie du futur est un avant tout un projet de Société qui répond aux opportunités liées aux nouvelles technologies et au numérique. Des produits aux marchés, toute l’organisation de l’entreprise est touchée !
Notre fédération qui représente 30 200 entreprises (dont 10 500 ont un effectif supérieur à 10 salariés) et 629 000 salariés se doit d’accompagner les entreprises dans cette formidable révolution.
Les produits n’ont plus de frontières et c’est pourquoi la FIM travaille de manière décloisonnée avec les fédérations du Numérique et de la Plasturgie. L’enjeu n° 1 est d’anticiper la montée en compétence liée à l’arrivée de la digitalisation qui va créer de nouveaux métiers. Comment capter un jeune « digital native » et répondre à la pénurie de main d’œuvre sur les métiers traditionnels de chaudronnier et soudeur? L’enjeu n° 2 est organisationnel pour intégrer en interne la richesse de nouveaux collaborateurs et en externe l’entreprise dans son écosystème. L’enjeu n°3 est de les faire gagner en compétitivité tout en répondant au défi écologique et sociétal. L’enjeu n°4 est de travailler à la normalisation dans les domaines où nos industriels sont innovants et souvent leaders pour leur permettre de marquer leurs avantages et se protéger. L’enjeu n°5 est de chasser en meute tant au niveau de l’innovation technique que de l’international grâce en particulier aux dispositifs français clusters, pôles de compétitivité, CCI, Business France… et promouvoir ainsi l’industrie française dans le monde.

METALLURGIE rhodanienne : Installée à Lyon depuis 1830 et inventeur de la 1ère machine à coudre, aujourd’hui Thimonnier conçoit et fabrique des machines spéciales pour emballages souples. En quoi Thimonnier est une Industrie du Futur?

Sylvie GUINARD : Nous souhaitons faire passer notre joyau d’excellence technique à l’excellence organisationnelle et opérationnelle. Dans ce but, nous utilisons depuis plus de 20 ans un ERP qui rend l’information unique et « attrapable » par tous les collaborateurs. Les ateliers de production peuvent se connecter en temps réel sur les données numériques 3D du bureau d’études.
Nos machines, mécatroniques, sont elles-mêmes connectées et nous font remonter des informations alimentant une optimisation de la maintenance et des évolutions. Nous interagissons aussi avec nos clients et nos fournisseurs et même avec les écoles et les centres de recherche ! La chaîne de valeur entière se numérise !
L’utilisation de nouveaux outils de conceptualisation comme la réalité virtuelle nous permettra de créer des jumeaux numériques qui valident l’ensemble des innovations en temps réel et permettent d’utiliser la réalité augmentée ou virtuelle. La fabrication additive facilite et accélère le prototypage.

METALLURGIE rhodanienne : Vous intervenez à la table ronde sur la place de l’Homme dans l’industrie du futur. Quel message souhaitez-vous faire passer?

Sylvie GUINARD : L’industrie du futur est une industrie connectée capable de concevoir et fabriquer un produit complexe et personnalisé. L’homme et la femme participent à cette nouvelle excellence qui encourage la créativité et la montée en compétence. Mon 1er message est qu’ils sont au cœur de l’industrie du futur et que la formation des collaborateurs est une priorité ! Thimonnier investi par exemple, tous les ans 2500 à 3000h de formation.
Les apprentissages ont évolués et l’enjeu pour les jeunes est « de ne pas perdre le sens critique mécanique » et ses savoir-faire et expertises manuels. Il est important pour notre profession d’amener les « digital native dans les entreprises » et de les raccrocher aux besoins mécaniciens. Mon 2ème message est que notre profession doit recréer des filières d’excellence en France pour ces métiers en devenir !

METALLURGIE rhodanienne : Du 4 au 7 avril 2017, la FIM expose sur le salon des Technologies de production INDUSTRIE Lyon. Quels sont les enjeux de ce village ?

Sylvie GUINARD : Notre engagement sur INDUSTRIE Lyon est de montrer que la mécanique est le moteur de l’Industrie du Futur et qu’elle accompagne la transformation de toutes les autres industries. Elle en fait la démonstration avec 7 animations :
- La Place des Industries Mécaniques (Stand n°4D140) communiquera sur la thématique «Vous accompagner vers l'Usine du Futur », en partenariat avec le Symop, le Cetim et le Cetim-CTDec
- Le « Labo Industrie » (Stand n° 4D139) sera dédié à la modernisation des outils de production et à une nouvelle approche de l’homme au travail. Des démonstrateurs présenteront des objets connectés et l’internet industriel, des procédés de productions avancés, des lignes et îlots connectés, pilotés et optimisés.
- Le collectif des « Comités Mécaniques de France », (Stand n°6Y36) permettra à 20 entreprises de taille modeste d’exposer sur un espace de 230 m² dédié à l'usinage et mettre en avant un savoir-faire mécanicien groupé des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire, Bretagne, Haut-de-France et Picardie, en partenariat avec le syndicat Amics-E&Pi (3)
- le collectif « Mesure, Vision et Contrôle » (Stand n° 6V92) proposera un lieu d’exposition et de rencontres sous les angles de la production et de la transformation industrielle
- L’UITS (4) présentera une animation « Peinture en live ! » (Stand n° 6R40). L’objectif est de fédérer 16 entreprises pour monter en un temps réduit une chaîne à l’identique de celles implantées sur site pour découvrir les différentes étapes nécessaires à la mise en peinture et repartir avec une pièce peinte… !
- Pour la 1ère fois, l’European Mechatronics Meeting se tiendra dans le cadre du salon INDUSTRIE (Espace Mezzanine, salles 2 et 3). Thésame, Cetim et Artema syndicat de la mécatronique, proposera le 6 avril une journée dédiée aux nouvelles solutions en matière de mécatronique, robotique et digital. La journée sera clôturée par la remise des trophées de la 9ème édition des Mechatronics Awards.

Une action d’envergure vers les jeunes est également lancée avec SMILE (Galerie 6). Concept original pour attirer les jeunes vers l’industrie et initié par le Syndicat du décolletage, le SNDec, dans la Vallée de l’Arve, cette usine reconstituée sera présentée pour la première fois sur ce salon. Le SMILE présentera tous les métiers d’une entreprise industrielle et le lien qui les unit les uns aux autres pour répondre à une problématique d’image des métiers de l’industrie et lutter contre les idées reçues.

Thimonnier en chiffres :
- CA 2016 : 15 millions € dont 70 à 85% à l’export dans 150 pays.
- 75 salariés
- 15% du chiffre d’affaires réinvesti dans la R&D
- 3 000 machines en fonctionnement dans le monde

(1) FIM : Fédération des Industries Mécaniques
(2) Sylvie Guinard est Vice-Présidente de la FIM en charge de l’industrie du futur, Membre du comité de direction du SYMOP (Syndicat des Créateurs de solutions industrielles) et du conseil de direction de la Métallurgie Rhodanienne
(3) Amics-E&Pi : Syndicat de l'usinage, de la mécanique industrielle, des machines spéciales et de l'industrie de process
(4) UITS : Union des industries du traitement de surface